La trêve de Noël

  

À tous ceux qui,
d’un côté comme de l’autre,
participèrent à la trêve de Noël 1914.

  

    J’ai repéré ce bureau à cylindre chez un brocanteur de Bridport. L’homme m’a dit qu’il datait du début du XIXe siècle, et qu’il était en chêne. Ça faisait des années que je cherchais un bureau comme celui-ci mais je n’en avais encore jamais trouvé un dans mes moyens. Le bureau en question était en piteux état, le panneau coulissant était cassé, il avait un pied rafistolé et portait des marques de brûlures sur tout un côté.

   Le brocanteur ne le vendait pas cher et je me sentais capable de le réparer. Je prenais un risque, mais j’avais enfin l’occasion de posséder le bureau de mes rêves. Je l’ai payé et installé dans mon atelier, au fond du garage. J’ai commencé à le restaurer le soir de Noël, en grande partie à cause de la surexcitation qui régnait dans toute la maison et de mon besoin de paix et de tranquillité. J’ai retiré entièrement le panneau coulissant et sorti les tiroirs un à un.

   À chaque fois ce que je pressentais était confirmé : le travail serait plus important que prévu. Le vernis s’était écaillé à peu près partout, on aurait dit qu’il y avait eu une inondation. À l’évidence, le bureau avait souffert à la fois du feu et de l’eau. Le dernier tiroir était complètement coincé. J’ai tout essayé pour le dégager en douceur. Au bout du compte, j’ai forcé. J’ai tapé dessus avec mon poing et il s’est ouvert brutalement, faisant apparaître un tiroir secret. Il n’était pas vide.

 

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