— Le chat gris a mauvaise mine, observe Laura, perchée sur le faîte du muret entre le terrain vague et le jardin. Mais Papa tond la haie et ne peut rien entendre.
— Le chat gris a mauvaise mine ; je crois qu’il est malade… insiste-t-elle.
Maman n’écoute pas, trop occupée à désherber le parterre – comme Laura devrait le faire pour l’aider d’ailleurs.
Alors Laura le redit pour elle-même à voix basse et rauque : « On dirait que le chat gris va mourir. » Le chat sans nom ni toit a le poil terne et le saut ralenti ; il néglige les oiseaux ; il n’a plus faim ; il fuit le soleil, réfugié entre deux flambées d’orties.
— Il faudrait prévenir le vétérinaire, suggère Laura.
— Penses-tu ! Il a autre chose à faire qu’à soigner tous les chats perdus.