Le Voyageur

 

Lorsqu’Eva monta dans le vieux bus du village, l’étoile du soir envoyait encore une mince lumière sur la terre.

Il y avait quelque temps déjà que les vastes horizons de la plaine avaient rétréci et qu’une longue nuit annonçait la fin des temps. Une odeur étouffante et humide inondait l’espace autour d’Eva, et la route, très péniblement sillonnée par le vieux bus, ressemblait à une rivière sans barques ni berges.

Des gens somnolaient, les visages imperceptibles dissimulés dans des châles mérinos ou des manteaux bien épais, les têtes baissées… On aurait dit des ombres, avec, à la main, des paniers d’où émergeaient les cous des canards et des dindes, qui, quelques heures plus tard, seraient sacrifiés sur l’autel des traditions de la Nativité.

 

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