Un merveilleux défi

Pénitencier B., 12 décembre.

Le détenu Léopold me rapporte la cassette sur laquelle nous avons déjà fixé quelques-unes de ses interprétations au piano, l’année dernière. Nous y enregistrerons aujourd’hui les quatre œuvres sur lesquelles il travaille sans relâche depuis quelques mois et qu’il a l’intention de présenter aux examens de piano de Noël. Il tente, pour la première fois de sa vie, d’obtenir un diplôme de niveau Supérieur 1 dans l’une des grandes écoles de musique de la ville.

Il ne reste plus que trois jours avant les évaluations.

Tout va pour le mieux lors de l’enregistrement et il s’en tire brillamment comme toujours. Bonne concentration, belles nuances, musicalité hors de l’ordinaire. Cependant, il manque un peu de vitesse et a buté, ce matin, sur sa gamme de mi bémol mineur mélodique, mais bon, l’examinatrice ne lui demandera probablement pas celle-là ! Quant à la vélocité insuffisante, l’expressivité et la profondeur compenseront.

Quand Léopold joue du piano, il met son âme à nu. Non seulement sa musique chante, mais elle parle ! Et c’est cela qui m’impressionne tant, moi si habituée à entendre interpréter ces airs mécaniquement par des jeunes qui n’ont évidemment pas le même vécu derrière eux.

 

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